Victimes de la déportation de 1755, les Acadiens vivent plusieurs années d’exil à Boston ou dans d’autres villes de l’est de la Nouvelle-Angleterre. Après ce qui est communément appelé le Grand Dérangement, plusieurs familles sont accueillies par les Sulpiciens qui sont les seigneurs de la seigneurie de Saint-Sulpice. Le curé Jacques Degeay accueille les exilés à L’Assomption dès 1760, mais la vague la plus importante arrive autour de 1766-1768 : ils augmentent du tiers la population de Saint-Pierre-du-Portage.
En 1767, 27 lots en bordure du ruisseau Vacher sont arpentés par Jean Péladeau, aidé par M. Vacher dit Saint-Antoine et offerts aux chefs de famille acadienne. Ces Acadiens logés temporairement à L’Assomption migrent alors à une quinzaine de kilomètres au nord afin d’entreprendre le défrichement des chemins et de leur concession. L’année 1767 marque donc le début du peuplement de Sainte-Marie-Salomé en un lieu maintenant connu sous l’appellation de ruisseau Vacher. Les lots 471 à 489 ainsi que 490 à 509 marquent le commencement de l’histoire saloméenne. Le chemin des Prés est ouvert en 1812 afin d’offrir d’autres terrains et d’établir de nouvelles familles, souvent les descendants des premiers arrivés.
En 1774, la paroisse Saint-Jacques-de-la-Nouvelle-Acadie est fondée témoignant d’une population permanente suffisante et organisée capable de subvenir aux besoins de la fabrique et du curé. Son toponyme rend hommage au curé Jacques Degeay qui a si bien accueilli les exilés, leur a offert des terres, des instruments aratoires et tout le nécessaire. Le territoire saloméen fait d’abord partie de cette paroisse qui est morcelée au XIXe siècle. Il faut attendre 1888 pour que la paroisse de Sainte-Marie-Salomé de Port-Royal s’en détache. À ce moment, 95% de la population est de descendance acadienne. Marie Salomé était la mère de saint Jacques, d’où le nom de notre municipalité.
L’agriculture constitue la fonction la plus importante de la municipalité solidement implantée en territoire agricole. Les sols étaient particulièrement propices à la culture de la pomme de terre. Les nombreux boisés procurent le bois de chauffage et sont les hôtes des parties de sucre chaque printemps.
Le noyau villageois se développe aux abords du ruisseau Vacher. Le premier lieu de culte est érigé en 1888 tout comme le presbytère. La construction de l’église actuelle débute le 12 novembre 1895. Les plans sont de l’architecte Casimir St-Jean qui conçoit une église jumelle à Saint-Blaise en Montérégie. L’église de Sainte-Marie-Salomé est bénie le 27 juillet 1897. La chapelle change alors de vocation et devient la salle municipale; sa cloche a été donnée à Notre-Dame-de-la-Merci. Derrière l’église, le cimetière est inauguré en 1889 et agrandi en 1942. Le charnier date de 1903 et témoigne d’une pratique révolue, soit celle d’entreposer les cercueils durant l’hiver alors que le sol gelé est difficile à creuser. La caserne et sa tour à sécher les boyaux, la seule de la MRC de Montcalm et une des rares de Lanaudière, est érigée en 1942.
Les premiers lieux voués à l’éducation sont les écoles de rang. Elles sont vendues et converties en résidence en 1961, soit la même année que l’ouverture de l’école centrale. En 1942, un couvent est construit à droite de l’église. Il est dirigé par les sœurs des Saints-Cœurs de Jésus et de Marie qui demeurent à Sainte-Marie-Salomé jusqu’en 1972. Le couvent a depuis cédé sa place à l’édifice de la bibliothèque et de l’actuel bureau municipal (auparavant, la caisse Desjardins).
Un bureau de poste, des magasins général, une station de pompe et de nombreux ateliers d’artisans viennent se greffer au noyau villageois et offrir tous les services nécessaires à la population. D’ailleurs, la deuxième beurrerie de tout le Québec est fondée ici en 1883. Les distances s‘atténuant avec l’arrivée de l’automobile et l’amélioration du réseau routier, ses commerces et services se sont modifiés au fil du temps selon les besoins.
En 1903, le chemin de fer est inauguré à Sainte-Marie-Salomé. C’est la ligne Montréal-Joliette de la Châteauguay-Nord. Cette ligne transportait des passagers et il y avait même une gare tout près de l’actuel passage à niveau du chemin Montcalm. La gare de Sainte-Marie-Salomé est fermée en 1964, mais la voie ferrée est toujours utilisée par le Canadien National à ce jour. Elle constitue maintenant la seule voie ferroviaire sur le territoire de la MRC de Montcalm.
Le dernier quart du XXe siècle voit la modernisation des institutions. Le couvent est démoli ainsi que la gare, les écoles sont centralisées, le presbytère est converti en hôtel de ville, le terrain des loisirs prend forme. De nouvelles rues viennent agrandir le village : la rue Gaudet est ouverte en 1978 et Forest vers 1993. Même si de nombreuses familles de l’extérieur sont venues agrandir la population, les familles souches et la fierté acadienne demeurent très présentes.
Pour en savoir davantage
BRIEN, Nadine et Olivia PELKA. Dénouer le temps… pour retrouver ses racines. 1767-2017. 250e anniversaire de l’arrivée des premiers Acadiens. 2017, 80 p. *
COMITÉ DE LA BIBLIOTHÈQUE. Sainte-Marie-Salomé 1888-1988 Programme Souvenir. [Sainte-Marie-Salomé 1988].
CORPORATION MUNICIPALE DE SAINTE-MARIE-SALOMÉ. Sainte-Marie-Salomé, 1888-1988. Sherbrooke, Éditions Louis Bilodeau, 1987, 319 p. *
HENRI, Bernard et COLLÈGE DE L’ASSOMPTION. Ste-Marie-Salomé, comté de Montcalm : ses ressources et ses acquis socioculturels : recherches monographiques. L’Assomption, Collège L’Assomption, 1982, 84 feuillets.
LAGACÉ, Marie-Thérèse. Familles acadiennes de L’Assomption et de Saint-Jacques-de-la-Nouvelle-Acadie 1760-1784 : immigration et profil des migrants. Mémoire de maîtrise. Département d’histoire, Faculté des arts et des sciences, université de Montréal, juillet 2006. 157 p.
MELANÇON-MIREAULT, Thérèse. Le Bas du Ruisseau Vacher : Ste-Marie-Salomé. Sainte-Marie-Salomé, Club Âge d’Or, 1986, 216 p. *
RIOPEL, Alexandre. « La Nouvelle-Acadie, mosaïque acadienne en terre lanaudoise » dans Histoire Québec, vol 20, no 1, 2014, p. 29-34.
ROY, Christian. Histoire de L’Assomption. Montréal, 1967, p. 175-180.
* En vente au bureau municipal.